Le greenwashing, cette pratique marketing visant à donner une image écologique trompeuse à une entreprise polluante, est devenue monnaie courante au début de notre 21ème siècle. En 2020, Shell, l’une des dix entreprises les plus polluantes de la planète, a tenté de se joindre à la tendance de la transition énergétique en lançant un quizz sur les réseaux sociaux pour savoir ce que les gens étaient prêts à changer pour réduire les émissions de CO2. Cependant, cette tentative a suscité un tollé, car il semblait absurde qu’une entreprise responsable de la libération de plus de 30 milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère depuis 1965 demande aux gens de faire des efforts pour lutter contre le changement climatique.
Depuis lors, Shell a adopté une nouvelle stratégie : assumer ouvertement sa responsabilité dans la pollution environnementale. Le nouveau PDG de l’entreprise, Wael Sawan, a décidé de revenir en arrière sur les engagements de son prédécesseur en faveur des énergies propres, car il estime que cela permettra d’augmenter les bénéfices des actionnaires. Ainsi, Shell investit désormais dans des campagnes de promotion des énergies fossiles auprès des jeunes, en utilisant notamment le jeu vidéo et l’e-sport comme support.
Récemment, Shell a choisi le jeu « Fortnite », qui connaît un immense succès auprès des adolescents, pour promouvoir sa marque. Des créateurs de contenu, tels que des streamers et des youtubeurs spécialisés dans le jeu, ont été engagés pour faire la promotion de l’île « Shell » sur Fortnite. Cette île virtuelle comprend une station-service et une série d’épreuves à réaliser, le tout dans le but de vanter les bienfaits d’un nouveau carburant.
Cette nouvelle initiative a également suscité l’indignation, tant dans les commentaires des joueurs que dans les réactions des ONG et d’autres créateurs de contenu spécialisés dans les jeux vidéo. Certains, comme « Driftor », soulignent le paradoxe évident de convaincre la génération Z que les énergies fossiles sont « cool », alors qu’elle sera précisément confrontée aux conséquences néfastes de ces énergies sur le climat. Cette situation est presque dystopique et souligne la nécessité de légiférer sur les contenus sponsorisés dans les jeux vidéo.
Malgré les critiques, l’action de Shell a connu une hausse historique en bourse. Cependant, cette nouvelle a été perçue comme une mauvaise nouvelle par de nombreux observateurs, qui s’attendaient à ce que les investissements dans les énergies renouvelables soient récompensés plutôt que les actions d’une entreprise polluante.
L’affaire du « shell Fortnite » illustre parfaitement les pratiques de greenwashing auxquelles certaines entreprises ont recours pour verdir leur image. Cependant, elle soulève également des questions sur la responsabilité des entreprises et la nécessité de légiférer pour éviter que de telles pratiques ne trompent les consommateurs.
