(AFP) – Vagues de licenciements, fermetures de studios… Après deux années noires, l’industrie du jeu vidéo espère rebondir en 2025 et les principaux acteurs du marché cherchent désormais de nouveaux leviers de croissance.

Tour d’horizon des principales évolutions à venir du secteur.

. IA générative « à la marge »

Si les développeurs utilisent l’intelligence artificielle depuis longtemps, notamment pour donner vie aux personnages que le joueur ne contrôle pas, le recours à l’IA dite générative, qui permet de créer du contenu sur demande, ne se fait pour l’instant « qu’à la marge », selon Simon Carless, fondateur de l’agence de consulting GameDiscoverCo.

Mais certains acteurs majeurs du secteur ne cachent pas leurs ambitions dans ce domaine: l’américain Electronic Arts, éditeur des Sims, a notamment présenté en septembre des outils capables de générer des ébauches de niveaux de jeu.

En décembre, Google a pour sa part dévoilé « Genie 2 », un nouveau modèle d’IA qui créé des mondes virtuels jouables en se fondant sur une seule image.

Mais ces innovations ne sont qu’à un stade « très expérimental », rappelle Mat Piscatella, analyste pour le cabinet Circana, « Genie 2 » n’étant par exemple capable de générer qu’une minute d’environnement selon Google.

« Les entreprises s’y intéressent car, théoriquement, ça réduirait les coûts et augmenterait la production », affirme M. Piscatella. Il y voit cependant un risque: « les joueurs ont tendance à rejeter ce qu’ils considèrent comme non authentique ».

. Consoles portables et « cloud gaming »

Le succès de la Switch de Nintendo, console hybride sortie en 2017 qui se joue aussi bien sur sa télé que dans les transports, a donné des idées à ses concurrents.

Dans une interview à l’agence Bloomberg, la patron de la division Xbox chez Microsoft, Phil Spencer, a confirmé en novembre travailler sur une console portable et le média américain a également relayé que Sony, géant japonais derrière la PlayStation, développait un matériel similaire.

Pour Mat Piscatella, cela répond à « l’une des principales demandes des joueurs, notamment des plus jeunes: jouer à ce qu’ils veulent, où ils veulent et quand ils veulent ».

Les constructeurs « veulent que vous achetiez un jeu sur leur plateforme et que celle-ci soit accessible depuis n’importe quel appareil », explique Simon Carless, qui fait le lien avec le succès du « Steam Deck » de l’américain Valve, machine portable permettant de lancer des jeux PC.

Dans sa dernière campagne publicitaire, Microsoft met ainsi en avant le « cloud gaming », à savoir la possibilité de jouer depuis différents appareils s’ils sont connectés à internet.

. La fin du marché physique

Conséquence de cette évolution: le marché physique vit ses « dernières étapes », selon M. Piscatella, qui estime que « plus de 90% » de l’argent dépensé par les joueurs se fait déjà pour du contenu dématérialisé.

Fini les cartouches et les disques: « l’avenir sera numérique », pronostique M. Carless, qui voit tout de même un bastion de résistance chez Nintendo et dans certaines régions du monde où les connexions internet ne sont pas encore suffisamment puissantes.

. « Fortnite » insatiable, « GTA VI » et la Switch 2 en vue

En lançant en décembre « Ballistic », un mode inspiré des jeux de tir comme « Counter-Strike », et « Lego Fortnite Brick Life », simulation de vie virtuelle, l’éditeur Epic Games affiche son ambition de transformer son succès planétaire sorti en 2017 en une expérience totale.

« L’idée, c’est de construire des jardins, d’y attirer les joueurs et de faire en sorte qu’ils ne veuillent jamais partir », explique Mat Piscatella, prenant notamment l’exemple de « Roblox » parmi ces titres qui parviennent à fidéliser les joueurs pendant des années au détriment des nouveautés.

En 2025, sauf retard, seul « GTA VI » de Rockstar semble de taille à rivaliser avec ces cadors du secteur. L’arrivée du successeur de la Switch pourrait également redonner un peu d’air frais au marché.

« C’est rare de fonder les espoirs de toute une année sur deux produits », s’inquiète toutefois M. Piscatella « car, si l’un d’eux est reporté ou ne rencontre pas le succès escompté », l’industrie pourrait se retrouver dans une situation « très compliquée ».

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